Vélo à assistance électrique : un avis et une expérience

publié le 29 mars 2024 (modifié le 1er avril 2024)

Cyclistes et sans voiture depuis toujours mais avançant en âge, nous avons décidé il y a 3 ans d’opter pour des VAE afin de pouvoir continuer à voyager en vélo le plus longtemps possible.

Cette évolution du VAE fait débat, principalement dans la sphère des cyclistes ; j’ai eu envie de participer à ce débat en faisant part de mon avis et de mon expérience.

Bien différencier le vélo électrique et le vélo à assistance électrique

Le vélo électrique (Speedelecs) ne se développe pas énormément en France. Certains ne sont pas faciles à différencier du VAE en dehors de la vitesse autorisée et de la puissance : pour le VAE maxi 250W, arrêt du moteur à 25km/h et dès qu’on arrête de pédaler, pour le vélo électrique, maxi 1000W et arrêt du moteur à 45km/h. En France, les vélos électriques sont classés dans la catégorie des cyclomoteurs, ce qui impose des obligations : immatriculation, assurance, port d’un casque homologué, brevet de sécurité routière.

Le VAE est il encore un vélo ? La question est couramment posée. Oui, il s’agit bien d’un vélo avec tous ses éléments comme un vélo classique (roues, selle, dérailleur, vitesses….) auquel une assistance a été ajoutée. Et surtout il faut toujours pédaler.

Le VAE a des avantages, il a aussi des inconvénients et des contraintes

Le coût est élevé pour un VAE de qualité, l’entretien est plus délicat et peut demander l’intervention d’un mécanicien professionnel plus souvent.

La batterie a une durée de vie relativement courte, elle demande certaines précautions. Elle augmente le poids du vélo déjà élevé (22 kg pour les nôtres), auquel s’ajoute celui du chargeur. La recharge est une contrainte, particulièrement pour les voyages.
Progressivement les hébergements installent des prises dans leur local à vélos (c’est le cas notamment en Allemagne et en Autriche). Ils peuvent exclure la possibilité de recharge dans les chambres.
Des questions de sécurité se posent pendant le stockage et la charge des batteries.

La batterie est aussi l’élément gênant pour qui est sensible à l’écologie. Mais Je suis assez optimiste pour qu’un système soit assez rapidement inventé qui remplacera la batterie, des prototypes existent déjà.

Pour les voyages en train, le poids ne facilite pas l’accès au quai en l’absence d’ascenseur ou de rampes et à certains trains. La suspension à un crochet est souvent exclue du fait du poids et de la grosseur des pneus. Nous avons choisi un VAE pliant qui peut nous permette de prendre certains trains non autorisés aux vélos non démontés et de le plier pour éviter les crochets, mais cela ne résout pas toutes les difficultés.

La pratique du VAE est-elle aussi bénéfique pour la santé que celle du vélo musculaire ?

L’effort étant réduit notamment pour monter une côte, il n’a probablement pas le même effet sur la santé. C’est donc certainement moins bon pour un jeune sans handicap. Mais cela peut être préférable pour quelqu’un qui est limité dans ses possibilités d’effort. A un certain âge en ayant utilisé le niveau d’aide adapté, je peux vous assurer que vous percevez bien à la fin d’une journée en VAE les efforts que vous avez fournis notamment s’il y avait des dénivelés. Vous continuez à ressentir les sensations d’avoir vécu une saine journée. Et vous êtes satisfaits d’avoir pu faire un parcours que vous ne pouviez plus tenter en vélo musculaire.

La bonne utilisation de l’assistance

Il y a en général 4 niveaux d’assistance.
Le premier niveau permet en gros de compenser le poids du vélo et il suffit pour rouler sur le plat. Mais rouler sans assistance est aussi possible. Les autres niveaux sont à utiliser en fonction de la difficulté. Il est toujours nécessaire de pédaler pour bénéficier de l’assistance et donc de faire un effort pour monter une côte. En outre, il est possible de moduler son effort en utilisant le dérailleur.

Plus d’accidents constatés chez les utilisateurs de VAE, notamment chez les seniors. Pourquoi ?

En continuant à rouler à la même vitesse qu’auparavant avec nos vélos musculaires, nous sommes presque systématiquement doublés par des cyclistes de tous les âges.
Beaucoup utilisent un niveau d’aide élevé et peuvent ainsi rouler avec l’élan à plus de 25km/h sur le plat, bien que l‘assistance électrique se désactive à 25km/h. Souvent leur position sur le vélo, notamment les seniors laisse penser qu’ils ont repris ou découvert le vélo avec le VAE. Ils roulent vite alors qu’ils ont moins de réflexes et de souplesse. Peut être faudrait-il des VAE-école ?

Faut-il encourager l’utilisation du VAE pour tous ?

Certainement pas et pourtant la publicité, les flottes d’entreprises, les vélos en libre service l’encourage. Le VAE est mis en avant comme la solution pour tous quel que soit son âge, quelle que soit l’utilisation envisagée. Dans une ville sans dénivelé important, le VAE n’a pas vraiment de raison d’être.

Il peut être pertinent pour les longues distances au quotidien, les vélos-cargos et autres utilitaires, le transport d’enfants.
Mais aussi pour pouvoir continuer à voyager à partir d’un certain âge sans être obligé de se limiter à suivre les canaux, les fleuves et les rivières. Cela n’empêche pas d’utiliser un vélo musculaire pour ses petits déplacements, voire pour certaines balades faciles. Pour cela, j’ai un Brompton qui en plus du coté pratique du pliage est adapté lorsqu’il devient plus difficile de lever la jambe.

Ma conclusion : ce n’est pas le VAE qu’il faut remettre en cause, mais c’est le choix de son utilisation.

Bernard Laizé
Représentant de Amis de la Nature-France au sein du collectif « Mon vélo dans le train »